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Dans nos sociétés modernes, devenir maman n’est pas une sinécure. De plus en plus de femmes avouent qu’elles sont épuisées, fatiguées et dépassées. Si c’est votre cas actuellement, que vous vous sentez coupable d’être une maman « pas heureuse », j’ai trois  bonnes nouvelles pour vous.

La première : ce n’est pas de votre faute!

Violaine Guériltaut, docteur en psychologie et auteure de cet excellent livre « la fatigue physique et émotionnelle des mères » est la première à faire le parallèle entre le rythme de vie d’un cadre débordé et celui d’une maman. « La maternité est un poste à haut niveau de responsabilité. Il faut être disponible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, 365 jours par an », écrit-elle.

On retrouve effectivement des traits commun entre le burn out professionnel et le burn out maternel:

  • la surcharge mentale (avec, pour les mamans, le fait de porter la charge familiale à bout de bras, bien souvent toute seule)
  • le manque de sommeil (outre les réveils de nuit par bébé, l’augmentation de stress induit une mauvaise qualité de sommeil)
  • le manque de reconnaissance de la société et des proches
  • le sentiment de culpabilité (« de ne pas être assez bonne maman ») et une exigence envers soi-même extrême car on tient à donner le meilleur de soi
  • le tabou car c’est un sujet difficile à partager à cause de la honte et de la peur d’être incompris (tant de mamans croient encore être les seules à ressentir tous ce sentiment de ne pas être à la hauteur).

La deuxième bonne nouvelle que j’ai à vous annoncer, est donc que vous n’êtes pas seule !

Pour vous, jeune maman fatiguée par des nuits hachées. Ou vous, maman d’un « grand » de deux ans, qui vit la terrible période de test. De même que vous, maman un peu anxieuse sur ce qu’elle doit transmettre.  Et même vous, maman de famille nombreuse, épuisée de trop donner à tous. Voire même vous « vieille » maman qui veut retrouver le chemin de la sérénité. Je vous annonce la troisième  bonne nouvelle :

Il est possible de vous en sortir ! Vous pouvez reprendre la main sur votre vie et créer enfin une maternité à votre image !

Pour sortir de l’épuisement, je vous invite à lire les 9 premiers pas traité dans cet article.

Pour l’heure, je voudrais vous proposer une réflexion sur un facteur moins vulgarisé de l’épuisement des mères. J’espère ainsi vous aider à approfondir votre réflexion, provoquer des prises de consciences qui vous aideront à poser des actes concrets pour comprendre et sortir de l’épuisement.

Dans un cas de burn-out, l’opinion communément admise est qu’il s’agit d’un problème lié à l’individu. La personne en souffrance est souvent persuadée que son cas est isolé, que son problème vient d’une faiblesse intrinsèque, qu’elle n’a pas la résistance physique et psychologique nécessaire pour faire face aux exigences de son rôle. Dans notre société actuelle, on veut faire croire qu’il faut être fort pour survivre et qu’avouer son épuisement est un signe d’échec. Et c’est ainsi que beaucoup tirent sur la corde jusqu’à ce qu’elle rompe.

Pourtant plusieurs études ont pourtant démontré que le burn-out trouve ses racines non pas seulement dans l’individu, mais aussi et surtout dans son environnement social, quelle que soit la nature de son travail. C’est dans cette optique que de plus en plus d’entreprises offrent des solutions pour l’épanouissement de leurs salariés au travail.

Et si on transpose ce fait au burn out maternel, on pourrait s’interroger sur l’implication de l’environnement social dans l’épuisement des mères.

Force est d’avouer que la société occidentale d’aujourd’hui n’offre pas un espace assez soutenant pour l’épanouissement des femmes et les familles.

Une société linéaire, crée par et pour des hommes

Alors que nous, les femmes, sommes cycliques, la société actuelle est linéaire. Nous sommes cycliques dans notre fonctionnement hormonal, avec les différentes phases de notre cycle menstruel. Mais nous sommes aussi cycliques car nous avons des « saisons de vie » différentes. Une femme n’est pas la même avant ou après avoir rencontré l’amour de sa vie, formé un couple, accueilli une famille, vu grandir ses enfants ou même les avoir laisser partir hors du nid. Et pourtant la société attend de nous une attitude linéaire, bien loin de notre énergie féminine. Un enfant aussi a un fonctionnement cyclique et il peut se mettre en phase avec les cycles de sa mère quand on lui en laisse l’opportunité.

L’énergie masculine s’investit surtout dans l’action, la performance, la compétitivité. En luttant pour l’égalité des droits homme femme, les féministes nous ont fait gagner la liberté mais nous y avons perdu la valorisation de l’énergie féminine. Une énergie féminine faite de douceur, de lenteur, d’intériorisation et qui fonctionne par cycle.

Une piste de réflexion, pour ne pas sombrer dans l’épuisement, est de réfléchir sur la part d’énergie masculine dans notre vie. Car un rythme linéaire et fait de performance et de compétitivité n’est pas compatible avec la vie de famille.

Une société stressante, au rythme de vie éffréné

Voici un autre aspect de la société actuelle qui est incompatible avec l’énergie familiale. Dans le monde actuel, on court d’une activité à une autre, on remplit nos vies avec nombre d’occupations, et la phrase qu’on entend le plus est « je n’ai pas le temps ». Entre les activités diverses,  le travail, la vie de couple, les enfants, les amis, le monde moderne file à vive allure. Et c’est encore pire avec les réseaux sociaux et internet.

Ce rythme de vie effréné est aussi très stressant pour les enfants. C’est sans doute une des raisons pour lesquelles tant d’enfants font des crises de colères dans nos sociétés. Ce rythme ne correspond pas à leur nature.

Consciente de cela, on peut choisir délibérément de ralentir, de souffler. Prévoyez des temps de pause, des temps où vous ne faites rien. Commencez par exemple par cinq minutes par jour de pleine conscience. Accordez-vous  un weekend par mois au moins où vous restez chez vous, à vous  poser et à vous reposer. Et pourquoi ne pas faire coïncider ça avec la période de vos règles ? C’est une période propice à l’introspection.

Laissez à vos enfants l’opportunité de s’ennuyer, c’est propice à leur créativité.

Une société où la transmission mère-fille a été coupée

En fréquentant des mamans de villages africains, j’ai remarqué une transmission entre femmes  fluide et évidente du féminin, de la maternité. Elle s’opère d’une génération à l’autre à travers des rituels de passage, des savoir-faire et des savoir-être. Ces liens, qui se tissaient et se transmettaient depuis la nuit des temps, ont presque disparu dans les grandes villes africaines, et complètement de nos sociétés occidentales actuelles.

Combien de mamans tiennent un bébé dans leur bras pour la première fois quand elles ont accouché ? Combien de femmes ont été poussées à renforcer leur énergie masculine au détriment de leur énergie féminine pour prouver que hommes et femmes sont égaux, pour prouver que les femmes sont aussi performantes ?

Oui nous pouvons être des « girlboss », enchaîner des réunions jusqu’à 21h, gagner plus que notre compagnon. Et pourtant, si nous nous décidons à embrasser la maternité, il faudra bien revenir à l’intérieur de soi, revenir à notre utérus créateur de vie, et nous occuper d’un petit humain dépendant de nous pendant quelques années.

Dans notre société, non seulement la transmission de la maternité et du Féminin a été coupée, mais en plus et surtout nous nous retrouvons pour beaucoup d’entre nous isolées.

Isolées par des grand-mères qui ne veulent pas ou ne peuvent pas prendre leur place, isolées parce que nous avons fait des enfants plus tard que nos amies, isolées parce que nous nous retrouvons dans des grandes métropoles et que notre style de vie avant maternité ne nous avait pas préparées à un tel bouleversement. Oui la solitude des mères d’aujourd’hui est bien présente. Et ce n’était pas prévu par la nature.

Comment faire ?

Nous avons la chance d’avoir facilement accès à beaucoup de savoirs. Lire, se former, rencontrer des mamans, soit en vrai, soit en virtuel, semblent constituer des pistes intéressantes. Mais encore et toujours, ralentir, découvrir et revenir à notre rythme biologique idéal.

Une société qui entretient le mythe de la mère parfaite

Encore un des aspects pernicieux de notre société. Parce que la pilule contraceptive existe, parce que la femme choisit de devenir maman, parce qu’elle est dans cette énergie masculine de perfectionnisme, elle intériorise ce qu’on attend d’elle : devenir la maman parfaite qui se sacrifie pour ses enfants, enchaîner une journée au travail et une deuxième à la maison sans se plaindre. Habituées à la performance et à la compétitivité, nous sommes tentées de vouloir prouver à nous-mêmes et aux autres que nous sommes une « bonne mère ».

Que nous « gérons » toutes nos vies à la perfection. Pas question de demander de l’aide, ça voudrait dire qu’on ne s’en sort pas.

Et pourtant, les enfants n’ont pas besoin d’une mère parfaite, mais d’une mère suffisamment bonne. Les mamans doivent comprendre et accepter que le mythe de la mère parfaite est seulement un mythe et qu’il est totalement irréaliste. Exit la culpabilité, les « il faut », les « je dois ». En acceptant nos limites et notre vunérabilité, nous autorisons nos enfants à accepter les leurs. C’est ainsi qu’on s’aime mieux et qu’on booste l’estime de soi.

« Les mamans devraient s’efforcer de faire une liste de toutes les choses formidables qu’elles accomplissent au quotidien et qui passent malheureusement inaperçues aux yeux de beaucoup, y compris à leurs propres yeux », souligne Violaine Gueritault

Une société où la place de l’enfant est brouillée

« Si l’on veut massacrer un enfant, il faut l’abandonner ou trop l’entourer » Boris Cyrulnik

Dans les sociétés traditionnelles, l’enfant est considéré comme une personne à part entière. Dès son plus jeune âge, il participe à la vie commune. A trois ans déjà il assume, avec d’autant plus de plaisir qu’elles renforcent sa propre estime, des tâches et des responsabilités adaptées à son âge. Il continuera à apporter sa contribution tout au long de son enfance, ce qui fait de lui un membre à part entière de la famille.

Dans nos sociétés occidentales, la plupart des mamans ont maintenant compris les risques de l’éducation autoritaire pour leurs enfants grâce notamment à Françoise Dolto et Maria Montessori qui ont permis cette prise de conscience. Mais beaucoup de mamans exploitent mal leur héritage.  A trop vouloir bien faire, en privilégiant l’épanouissement de l’enfant au détriment de son éducation, elles s’épuisent dans le « trop » : trop d’activités pour stimuler (et ce dès la naissance !), une place trop centrale dans la famille. On veut donner le meilleur et on donne trop à son enfant. Résultat ? L’éducation se résume aujourd’hui à une gestion d’agenda. Et si la vérité se trouvait dans la voie du milieu, la justesse dans sa relation avec ses enfants ?

Didier Pleux écrit dans son livre « De l’enfant roi à l’enfant tyran » : « De nombreux parents peuvent considérer comme normal le comportement de leur enfant, alors qu’il y aura une véritable omnipotence de celui-ci, qui décidera de tout ».

Combien de mamans confient des tâches domestiques à leurs enfants ? Un trop grand nombre d’entre elles s’occupent du linge de leurs grands enfants de 20 ans ! Respecter son enfant, c’est aussi lui apprendre à nous respecter, en ne lui faisant pas croire que nous sommes corvéables à merci !

Non, aimer son enfant, ce n’est pas lui donner du poisson tous les jours, c’est bien lui apprendre à pêcher.

Alors quelle est la juste place de l’enfant ? Pas au centre, comme c’est trop souvent le cas dans nos sociétés actuelles. Mais évidemment pas à la dernière place, comme on le faisait avant. Et si la juste voie était celle des sociétés traditionnelles, celle pratiquée depuis des millénaires ? Sa place serait à nos côtés, tout simplement. Un enfant n’a pas plus de valeur qu’un autre membre de la famille. Et si c’était ça le secret des mamans épanouies ? Vivre leur vie tout en respectant celle de leurs enfants. C’est en tout cas le secret pour créer de belles relations de complicité avec son enfant et s’assurer ainsi sa coopération.  Qu’en dites vous ?

En conclusion

Nous vivons dans une société linéaire au rythme effréné, qui nous pousse à faire toujours plus, à courir et à consommer encore et encore. Devenir maman devrait nous pousser au contraire à ralentir car nos enfants ont besoin d’un rythme plus lent. Nous éviterions ainsi de nous épuiser et nous pourrions revenir à une relation plus juste avec nos enfants. Il ne s’agit plus de faire sa vie POUR ses enfants, mais bien de vivre sa vie AVEC eux. Être heureuse, sereine, à leur côté et les guider avec amour à afin qu’ils deviennent des personnes équilibrées et épanouies.

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