Les experts en psychologie infantile sont aujourd’hui unanime: le maternage intensif ou proximal est la meilleure façon de prendre soin de son bébé. Quand je n’avais que ma fille, c’est tout naturellement que j’ai répondu à tous ses besoins en la maternant dès sa naissance. Mais quand mes garçons sont nés 30 mois plus tard, leur donner autant d’attentions et d’amour m’a vidé de toutes mes ressources et m’a poussé jusqu’au burn-out maternel en moins d’une année.
Alors certains pourraient penser à tort que c’est le maternage proximal qui conduit au burn-out.
Malgré ce que j’ai vécu, ou plutôt, grâce à mon vécu, je sais que ce n’est pas le maternage qui est épuisant. Etre maman de jeunes enfants est épuisant mais c’est la façon dont nous pratiquons ce maternage dans nos sociétés modernes qui peut nous pousser à bout.
Lors d’un voyage au Bénin, j’ai fait la rencontre de merveilleuses femmes de tribus millénaires qui vivent encore au rythme des saisons et des traditions, loin de la vie trépidante moderne. Cette rencontre a bouleversé ma vie sur tous les plans. J’ai compris les erreurs que je faisais et j’ai enfin ajusté le tir pour mon plus grand bonheur et celui de ma famille : j’ai découvert le maternage naturel.
Maternage naturel au sens de ce qui a été prévu pour notre espèce, ce qui correspond à notre nature de mammifère. Celui pratiqué par nos ancêtres depuis des millénaires, celui qui a été perdu peu à peu au fil de la modernisation et de l’industrialisation. Le maternage proximal c’est bien, le maternage naturel c’est encore mieux. Les différences sont subtiles mais changent tout.
Dans cet article, je vais vous donner les 8 points les plus importants à connaître pour que vous aussi, vous puissiez pratiquer ce maternage naturel, tellement bénéfique pour vous et votre bébé :

1- Un accouchement naturel
Un accouchement naturel , avec le moins d’interventions médicales possibles, où la mère peut mettre au monde son petit dans la plus grande intimité : les études ont prouvé les bénéfices d’un tel accueil sur le lien d’attachement entre la mère et l’enfant mais surtout ses répercussions positives sur le niveau de stress du nouveau-né. Toute la philosophie du maternage naturel est bien de revenir à une relation la plus naturelle possible avec son enfant.
Il s’agit de se donner le maximum de chance pour y arriver, sans pression. Pour ma part, ma fille a pu naitre ainsi alors que mes garçons sont nés par césarienne en urgence.
2- Un allaitement long
Les recommandations de l’OMS en matière d’allaitement sont sans équivoque : 6 mois d’allaitement maternel exclusif au moins, et un arrêt préconisé vers l’âge de 2 ans.
Dans nos sociétés occidentales, l’allaitement est souvent plus court. Et pourtant, non seulement le lait de femme est naturel et meilleur pour le bébé, mais l’allaitement est aussi la solution la plus facile et la moins épuisante à mon sens. Ne pas hésiter à demander de l’aide pour le mettre en route en cas de difficultés.
J’ai allaité tous mes enfants jusqu’au sevrage naturel, 3 enfants et 3 besoins différents.
3- Le portage
Les bébés ont besoin du contact peau à peau avec leur mère , et ce dès la naissance.
Dans toutes les sociétés traditionnelles, le contact du bébé avec sa mère ou un autre adulte est favorisé. Des études faites dans différents orphelinats sur des bébés ont montré que, alimentés de manière similaire, les bébés que l’on ne touchait pas à mains nues (le personnel portait des gants) ont rapidement dépéri par rapport à ceux qui étaient souvent câlinés. Le besoin d’être touché est aussi un besoin vital.
Porter son bébé est vraiment une pratique bénéfique pour la mère et l’enfant. Le bébé a besoin de proximité pour se sentir en sécurité. Porter son bébé sur son dos permets d’avoir ses mains libres pour continuer ses activités.
4- Maman la nuit aussi
Les mamans et le sommeil du nouveau-né…Il est important que toutes les mamans sachent que très peu de bébes font leur nuit dès le premier mois. L’accepter réduit déjà de moitié le stress engendré par des attentes irréalistes. L’allaitement et le cododo de nuit sont deux pratiques qui permettent justement de sauvegarder son énergie et d’optimiser son temps de sommeil.
Aussi vrai que l’allaitement est la façon la plus naturelle de nourrir son bébé, le cododo est la façon la moins fatiguante de faire dormir son bébé la nuit. Comme pour l’allaitement, le cododo est indispensable les 6 premiers mois, préférable jusqu’à 24 mois… et toujours bon au-delà de deux ans et pour l’ensemble de la petite enfance, tant que cela convient aux deux parties : le bébé et ses parents. (le papa a son mot à dire). Pour ceux qui craignent de donner de mauvaises habitudes, rassurez vous: votre enfant finira par quitter votre chambre. Comme pour le sevrage naturel qui se fait naturellement et en douceur, mettre bébé dans sa propre chambre se fera progressivement, quand vous en ressentirez tous le besoin. Gardez à l’esprit que toutes les pratiques du maternage naturel sont évolutives: elles ne durent qu’un temps. L’enfant est programmé biologiquement pour se sevrer un jour du sein, il est prévu dans son développement un moment où il ne ressentira plus le besoin, ni même le désir, de dormir si près de ses parents. En attendant que ce jour arrive, maternez et profitez de chaque stade de la vie avec votre enfant. Pour des raisons de sécurité, certains préfèrent faire dormir bébé dans un petit lit collé au leur. Ecoutez votre ressenti pour faire les choix éclairés pour vous tous.
Dans les sociétés traditionnelles, elles appellent ça les « arrangements de nuits ». Ça révèle à quel point c’est de l’ordre de l’intime, et dépend entièrement des besoins et envies de chaque famille.
Si vous avez plus d’un enfant, pourquoi ne pas envisager de créer une chambre commune pour la fratrie? Je crois qu’il est dans notre nature profonde de mammifères de se sentir heureux et en sécurité en présence de ceux qu’on aime.
5- L’hygiène infantile naturelle
Il s’agit de ne pas mettre de couches à son enfant et d’apprendre à communiquer avec lui, pour anticiper et répondre à son besoin d’élimination. Pour ma fille, j’avais utilisé des couches lavables en hiver pour m’éviter de stresser. Mais nous avons pris l’habitude dès les beaux jours de faire du « sans couche ». Avec un de mes garçons à la santé fragile, ce choix s’est imposé à moi puisque sa peau ne supportait tout simplement pas le contact avec une couche.
C’est un choix de maternage naturel parce qu’on répond aux besoins d’élimination de son bébé comme on répond à tous ses autres besoins (besoin de boire, de dormir, de réconfort, de proximité…). Cette pratique est naturelle, écologique, et je dirais même hygiénique puisque bébé n’a pas ses selles collés à sa peau. Mais le plus beau cadeau de cette pratique reste la connexion avec son bébé. Même quand ma fille avait sa couche, quand on était en société, un regard me suffisait pour savoir qu’elle y faisait un besoin et surtout lequel. C’est précieux.
6- La diversification menée par l’enfant ou DME
Encore une pratique qui est peu utilisée sous nos latitudes, mais qui gagne pourtant à être connue : la diversification menée par l’enfant.
Il s’agit de présenter à l’enfant, dès qu’il manifeste un interêt pour la nourriture, et qu’il se tient assis tout seul et la tête droite, des morceaux solides, adaptés à sa petite main. La DME est une façon simple et naturelle de nourrir son enfant. Elle présente de nombreux avantages: faire gagner du temps et de l’énergie aux parents (plus besoin de cuisiner/mixer/donner), permettre de transformer le temps de repas en un moment de qualité, de jeu, de découverte de partage. Ensuite, comme l’enfant est autonome, il mange ce qu’il a envie et selon ses besoins, il est à l’écoute de ses besoins de satiété ce qui est excellent pour sa santé. Il developpe donc une attitude saine par rapport à l’alimentation. Aucun de mes 3 enfants n’a mangé au même âge. Ma fille s’y est intéressé, très tôt, vers 5 mois, un de mes garçons vers 7 mois et le deuxième seulement à 9 mois. Ne pas forcer, proposer. L’enfant choisit et gère les quantités dont il a besoin: le respect des besoins de son enfant, la base du maternage naturel. Une belle habitude santé que j’ai gardé de cette période: proposer divers légumes, sauces, protéines animales et féculents à chaque repas.
7- Les pleurs de l’enfant
C’est un des premiers constats que j’ai fait : dans ce village constitué de dizaines d’enfants, je n’entendais pas de pleurs, pas de crises, pas de cris de parents.
Les tout petits étaient portés, les autres jouaient librement entre eux.
Grâce aux récentes études en neurosciences, on sait aujourd’hui que le cerveau de l’enfant étant immature, il n’a pas la capacité de réguler ses émotions jusqu’au moins 5 ans! Et le néocortex, responsable de la « raison » ne finit sa maturation que vers 25ans!
Le tout petit bébé ne sait communiquer ses besoins qu’en pleurant. Et il revient aux adultes qui prennent soin de lui, de répondre le plus vite possible à ses cris. Des études faites sur les bébés auxquels on essaie d’enseigner à s’endormir seuls est édifiant : un taux élevé de cortisol (hormone de stress) dans la salive jusque plusieurs jours après l’expérience !
Alors répondre aux pleurs de son enfant est la seule réponse possible. Si tous ses besoins physiologiques sont remplis mais qu’il continue de pleurer, le plus beau cadeau à lui faire est d’accueillir ses pleurs. Si le fait de le porter, de le bercer ne calme pas ses pleurs, c’est le moment de créer un « dialogue » avec lui.
On lui fait comprendre qu’on entend. Qu’on reçoit qu’il n’est pas content. Qu’il a le droit de s’exprimer, que ses émotions sont accueillies, qu’il n’est pas seul. En acceptant que ses pleurs ont une raison, et qu’il essaie de nous le communiquer, en gardant son calme et en se montrant empathique et bienveillant, en l’observant, parfois on a le déclic: on SAIT pourquoi il pleure et on peut enfin lui proposer une solution.
8- Une éducation bienveillante
La suite logique d’un maternage naturel est l’éducation positive ou non violente. La raison première qui fait adopter ce genre de maternage est bien la recherche du « meilleur » pour son enfant. Et en maternant, on a déjà choisi d’accepter et de respecter le bébé comme une personne à part entière.
C’est justement de ça qu’il s’agit dans une éducation non violente. C’est une éducation sans menace, sans punitions, sans chantage et donc sans récompense ! On rentre dans une relation gagnant-gagnant avec son enfant.
Pourquoi pratiquer le maternage naturel ?
Parce que nous désirons le meilleur pour nos enfants. Le livre de la pédiatre Catherine Guéguen, « Pour une enfance heureuse. Repenser l’éducation à la lumière des dernières découvertes sur le cerveau » montre les dégâts que peut engendrer la « violence éducative ordinaire » et explique comment le stress répété est un poison pour le cerveau en développement de l’enfant.
Au contraire, un maternage bien-traitant, en permettant l’expression de certains gènes (par exemple le gène NRC31 qui prémunit contre le stress) et en augmentant la production de certaines molécules vitales pour le développement du cerveau (comme le BDNF), permet aux enfants de devenir des adultes sociables et bien dans leur peau.
Quelle différence entre maternage proximal et le maternage naturel que je vous propose ?
La différence fondamentale est dans l’ATTITUDE de ces femmes par rapport à leur maternité. Le lâcher prise, la confiance et le naturel avec lequel elles le pratiquent. Pendant que nous essayons de faire au mieux, en tâtonnant, en luttant contre les pièges de la vie moderne, elles FONT.
Sans doutes, sans culpabilité, sans cris, sans stress et sans frustrations.
Nous sommes dans le stress, dans l’anticipation, dans la peur. Elles y vont avec de la confiance, de la simplicité et de la facilité.
POURQUOI?
Elles sont formées !
On dit souvent que devenir maman ne s’apprend pas.
C’est faux.
Dans les sociétés traditionnelles, la jeune fille passe des heures à apprendre à devenir maman: en s’occupant très tôt de bébés et d’enfants, en voyant des femmes le faire tout le long de sa vie, puis une fois devenue maman, elles nourrit des échanges intenses et réguliers avec des femmes, des mères, en partageant les informations lors des rencontres entre femmes, sur la place du village. Elle vit et grandit avec des bébés et des bambins et à force de rencontrer toutes ces mères tout le long de sa vie, elle acquiert un savoir faire et un savoir être, une expérience et une aisance conséquente.
Combien de temps avez-vous passé à apprendre à devenir maman avant d’en devenir une ? En général, dans nos sociétés modernes, bien trop peu.
Oui, il est possible de pratiquer le maternage naturel, sans s’épuiser. Pour commencer, il faudrait s’informer, se former, rentrer dans des groupes de femmes bienveillantes pour partager ses défis de femme et de mère et bien sûr, prendre soin de soi. Ensuite, il faudrait accepter la nature de l’enfant: le bébé nait avec une connaissance instinctive de ce dont il a besoin. Un puissant instinct de survie le guide. Et si vous décidez de vous ouvrir à lui, il vous communique tout ce dont il a besoin, à chaque étape de sa vie.
Pour ma fille, une belle découverte qui a resserré les liens entre nous, est la communication connectée. Vous pouvez la découvrir ici.
Et vous ? Tentée par le maternage naturel ?
Il est évident que materner son enfant est quelque chose de personnel et d’intime. Ces femmes le pratiquent selon ce qui résonnent en elles, en étant connectées à leur ressentis et intuition, et en faisant confiance à leur enfant. Mais surtout elles n’ont aucun jugement sur ce que les autres mamans font ! Elles se rencontrent régulièrement pour former un cercle de femme, où elles échangent sur les sujets de femmes: le maternage, l’éducation, la sexualité, la féminité. Ces rencontres m’ont tellement nourries en enseignements et en outils qu’elles ont impactées toutes les sphères de ma vie. Si le maternage naturel vous attire, vous inspire, partagez en commentaires avec les autres mamans vos pratiques et ce qui a changé dans vos vies depuis que vous êtes devenue une maman naturelle. Rejoignez ma communauté de mamans sur facebook.
Nadège